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Bloggia - Page 5

  • Discours de bienvenue aux nouvelles citoyennes et nouveaux citoyens suisses et genevois

    Voici le discours prononcé le 13 janvier 2023 en ma fonction de Président du Conseil d’Etat de la République et canton de Genève à l’occasion de l’assermentation de plus de 400 nouvelles citoyennes et nouveaux citoyens suisses et genevois.


    Mesdames et Messieurs,
    Chères nouvelles citoyennes, Chers nouveaux citoyens.

    La cérémonie que nous partageons aujourd’hui est importante. Elle est importante pour vous, comme elle est importante pour les autorités qui vous accueillent dans votre nouvelle citoyenneté. Et si elle est solennelle, c’est parce qu’elle est importante. 

    Je suis donc particulièrement heureux d’être ici devant vous en tant que représentant du gouvernement de la République et canton de Genève pour vous souhaiter une chaleureuse et cordiale bienvenue dans cette nationalité suisse et cette citoyenneté genevoise, qui sont désormais les vôtres, et qui vous remercient d’avance de ce que vous saurez leur apporter.

    Cette cérémonie est l’aboutissement d’un processus qui a commencé, non pas lorsque vous  avez déposé une demande de naturalisation, mais lorsque vos liens avec la Suisse ont commencé. Cela peut être votre naissance, votre arrivée sur notre territoire, voire votre mariage. 

    Mais, je vais vous surprendre. Ce processus d’appropriation de ce que j’appellerai la Suissitude, n’est pas terminé. Il est, je dirai même, arrivé à une étape, certes essentielle, mais une étape tout de même.

    C’est ici l'occasion de nous interroger, ensemble, mais chacun en son for intérieur, sur ce que notre appartenance à ce pays qu'est la Suisse représente pour nous, et surtout pour vous désormais.

    Et en cela, cette question s'adresse aussi bien aux Suisses d'aujourd'hui, que vous êtes devenus, qu’aux étrangers d’hier que nous étions, vous et moi, car il se trouve que moi aussi  je me trouvais à votre place, il y a 46 ans.

    La Suisse est avant tout une démocratie unique au monde. Certes perfectible. Cependant, siècle après siècle, de batailles en révoltes, de révoltes en révolutions et de révolutions en guerre civile, notre Confédération helvétique et notre République de Genève ont fait mûrir un esprit de liberté et de respect de l’autre que l’on nous envie de toutes parts. 

    Car la démocratie ne se décrète pas. Vous le savez. Elle se construit. 
    La démocratie ne se résume pas à un bulletin de vote glissé dans une urne. Ce geste simple, qui n’est que l’aboutissement de la démarche démocratique, n’a de sens que si, en amont, l’opinion de chacun a pu se forger librement, par l’expression sans entraves de convictions divergentes, dans le mutuel respect de l’écoute.

    A l’heure où tant de pays, proches ou lointains, aspirent légitimement à la démocratie. A l’heure où tant d’hommes et de femmes sont prêts à sacrifier leur vie pour une parcelle de nos droits. A l’heure où certains voudraient faire de principes religieux la ligne directrice de l’action des Etats, il est bon de rappeler que la Suisse, en 1848, à la sortie d’une guerre fratricide de religions, opposant catholiques et protestants, a créé notre Etat fédéral, dans lequel les cantons ont renoncé à leur indépendance pour renforcer leur souveraineté. Dans lequel la laïcité de l’Etat a été décrétée comme seule garante du respect des convictions de chacun. Une laïcité qui ne saurait être la négation de la religiosité, mais la condition de son exercice et de son expression.

    En Suisse, le rapport de force a cédé le pas à la concertation. La lutte des classes a évolué vers le partenariat social. Le bateau est trop petit, pour que les rameurs de bâbord entrent en conflit avec ceux de tribord. Ils sont conscients que leur progression sereine dépendra avant tout de leur faculté à rythmer conjointement leur effort.

    N’oublions jamais la chance qui est la nôtre de pouvoir exprimer librement et aussi souvent nos choix de société. Soyons-en dignes et n’oublions pas non plus celles et ceux qui se sont battus pour cela avant nous, lorsque nous sommes appelés à exercer nos droits politiques ! Et cela sera particulièrement fréquent cette année.

    Oui, soyez-en dignes, et soyez toujours fiers de ce pays qui fait de vous des parties intégrantes de son identité. Mais ne renoncez pas pour autant à vos racines, qui font partie de vous-mêmes, et qui apporteront cette vigueur nouvelle dont la Suisse a toujours fait sa force, parfois à son insu. Être intégré, ce n’est pas oublier d’où l’on vient. 

    L'être humain, comme l'arbre séculaire, ne peut résister à la tempête et grandir pour s'ouvrir à la lumière, si ses racines ne sont pas profondément ancrée dans la terre. Votre terre, à chacune et chacun de vous, est un mélange indissociable de votre passé, et désormais, de votre présent et de votre futur helvétique.

    Il est vrai que beaucoup nous envient, et nous devons être conscients de notre chance. Cette chance nous ne la devons pas au hasard, mais à notre pragmatisme, à notre force de travail, et à notre cohésion sociale. Devenir Suisse, ce n'est pas seulement obtenir un passeport rouge à croix blanche, comme on obtiendrait un permis de conduire, une fois tous les examens réussis. Devenir Suisse est un cheminement constant vers le respect de l'autre et de sa différence.

    Vous incarnez, Mesdames et Messieurs, cette diversité qui a de tout temps fait la richesse de la Suisse, et tout particulièrement de Genève. 
    La Suisse se veut une terre d'asile, une terre d'accueil. Mais l’étranger n'a pas toujours été reçu à bras ouverts, et la tentation est toujours présente de se recroqueviller sur soi, par peur de la différence. Rien n'est simple, lorsqu'il est question de construire  l'intégration. Une chose est certaine cependant, cette intégration se construit à deux, ou ne se construit pas. Et lorsque l’échec est là, c’est à deux également qu’il  faut en supporter les conséquences. 

    Ce sont ces valeurs de notre pays que nous devons transmettre à celles et ceux qui auront pour tâche, nous le souhaitons, de les transmettre un jour à leur tour. Ces valeurs sont celles d'un remarquable petit pays, capable,  à travers les siècles, de construire patiemment son unité, sa solidarité, malgré, parfois, des clivages culturels, linguistiques ou religieux. Un pays qui a pris conscience que les droits ne sont que les fruit d’un arbre nommé devoir.

    Permettez-moi pour conclure de vous féliciter à nouveau, et de vous souhaiter, avec votre nouvelle citoyenneté , un avenir lumineux, tant sur le plan personnel que professionnel.

    Vive la République!

    Vive Genève!

    Vive la Suisse!

     

     

     

     

     

  • Les assureurs ont le droit de se vendre…à nos frais

    L’éditorial de La Tribune de Genève de ce jour, sous la plume de son Rédacteur en chef adjoint de la rédaction Tamedia a de quoi interpeller 

    https://www.tdg.ch/les-assureurs-ont-le-droit-de-se-vendre-947592984788

    Ainsi, en réponse à une initiative parlementaire déposée par le Conseiller national socialiste Baptiste Hurni, président de la section romande de la Fédération suisse des patients, demandant l’interdiction de toute publicité de la part de nos assureurs maladie, nous sont assénés le sempiternel droit à la concurrence et l’inaliénable liberté du commerce.
    Moi qui croyais que même les esprits neo-libéraux les moins dégrossis avaient fini par comprendre que la concurrence ne pourra jamais être un régulateur dans le domaine de l’assurance maladie de base, me voilà confronté à l’exacte démonstration contraire, de surcroît dans l’éditorial d’un quotidien genevois ! 
    Comment peut-on encore affirmer en 2022 que les acteurs d’une assurance sociale obligatoire doivent pouvoir vendre leurs produits, en vantant leurs mérites par une publicité et des démarchages grevant les primes de leurs assurés? Décidément, certains ne comprendront rien à rien. A moins bien sûr que notre quotidien, sous le couvert de la pseudo-liberté commerciale de nos assureurs, n’ait en ligne de mire que le produit des publicités qu'il en retire. Mais le penser pourrait déjà faire de moi un mauvais esprit, et j’opterai donc pour la sincérité des propos exprimés, tout erronés qu’ils soient.
    Car le principe élémentaire de la concurrence est de pouvoir vendre au même prix un meilleur produit que le concurrent, ou de vendre moins cher un produit similaire. Dans la LAMal, le produit est défini par la loi. Ni plus, ni moins. Le reste est assurance privée, ou assurance complémentaire, et dans ce cadre, la concurrence trouve sa place.
    Imaginez une seconde que le canton de Genève n’ait qu’une seule boulangerie, qui fournirait tous les commerces et toutes les grandes surfaces. Le prix de la baguette serait cependant différent d’un lieu à l’autre, et pour attirer les clients, les commerçant vanteraient la qualité de leur pain, ajoutant de surcroît les coûts de leur publicité à charge du client. Qu’en penserait-on? Avec la différence majeure que l’on peut renoncer à manger du pain mais non à s’assurer à la LAMal!
    Imaginez encore que l’AVS soit confiée à des assureurs privés, avec les conditions de rentes fixées impérativement par la loi comme aujourd'hui, et que lesdits assureurs fassent de la publicité pour attirer les jeunes assurés. Parlerait-on de liberté du commerce et de libre concurrence?
    La conclusion de tout cela est évidente: avoir confié à des assureurs privés la gestion d’une assurance sociale, tout en les laissant de surcroît proposer à leurs assurés des couvertures complémentaires lucratives, en pensant naïvement que la concurrence allait permettre une maîtrise des primes, fut une erreur. Après 26 années de ce triste constat, persister dans l’erreur s’est mué en aveuglement complice.