Les assureurs ont le droit de se vendre…à nos frais (11/01/2023)
L’éditorial de La Tribune de Genève de ce jour, sous la plume de son Rédacteur en chef adjoint de la rédaction Tamedia a de quoi interpeller
https://www.tdg.ch/les-assureurs-ont-le-droit-de-se-vendr...
Ainsi, en réponse à une initiative parlementaire déposée par le Conseiller national socialiste Baptiste Hurni, président de la section romande de la Fédération suisse des patients, demandant l’interdiction de toute publicité de la part de nos assureurs maladie, nous sont assénés le sempiternel droit à la concurrence et l’inaliénable liberté du commerce.
Moi qui croyais que même les esprits neo-libéraux les moins dégrossis avaient fini par comprendre que la concurrence ne pourra jamais être un régulateur dans le domaine de l’assurance maladie de base, me voilà confronté à l’exacte démonstration contraire, de surcroît dans l’éditorial d’un quotidien genevois !
Comment peut-on encore affirmer en 2022 que les acteurs d’une assurance sociale obligatoire doivent pouvoir vendre leurs produits, en vantant leurs mérites par une publicité et des démarchages grevant les primes de leurs assurés? Décidément, certains ne comprendront rien à rien. A moins bien sûr que notre quotidien, sous le couvert de la pseudo-liberté commerciale de nos assureurs, n’ait en ligne de mire que le produit des publicités qu'il en retire. Mais le penser pourrait déjà faire de moi un mauvais esprit, et j’opterai donc pour la sincérité des propos exprimés, tout erronés qu’ils soient.
Car le principe élémentaire de la concurrence est de pouvoir vendre au même prix un meilleur produit que le concurrent, ou de vendre moins cher un produit similaire. Dans la LAMal, le produit est défini par la loi. Ni plus, ni moins. Le reste est assurance privée, ou assurance complémentaire, et dans ce cadre, la concurrence trouve sa place.
Imaginez une seconde que le canton de Genève n’ait qu’une seule boulangerie, qui fournirait tous les commerces et toutes les grandes surfaces. Le prix de la baguette serait cependant différent d’un lieu à l’autre, et pour attirer les clients, les commerçant vanteraient la qualité de leur pain, ajoutant de surcroît les coûts de leur publicité à charge du client. Qu’en penserait-on? Avec la différence majeure que l’on peut renoncer à manger du pain mais non à s’assurer à la LAMal!
Imaginez encore que l’AVS soit confiée à des assureurs privés, avec les conditions de rentes fixées impérativement par la loi comme aujourd'hui, et que lesdits assureurs fassent de la publicité pour attirer les jeunes assurés. Parlerait-on de liberté du commerce et de libre concurrence?
La conclusion de tout cela est évidente: avoir confié à des assureurs privés la gestion d’une assurance sociale, tout en les laissant de surcroît proposer à leurs assurés des couvertures complémentaires lucratives, en pensant naïvement que la concurrence allait permettre une maîtrise des primes, fut une erreur. Après 26 années de ce triste constat, persister dans l’erreur s’est mué en aveuglement complice.
15:03 | Lien permanent | Commentaires (0)