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Bloggia - Page 3

  • Pensées à contre-courant

    Au risque de déplaire à certains (mais est-ce bien un risque ou au contraire un label d’authenticité en politique?), je vais vous dire mon agacement de voir porté par la bien-pensance environnante, un combat qui, juste dans son principe, en devient réducteur, pour ne pas dire insultant, par sa généralisation.


    Je veux parler de la lutte contre le non-recours à l’aide sociale, dont la télévision nationale s’est faite récemment l’écho.


    https://www.rts.ch/info/suisse/14319563-la-lutte-contre-le-nonrecours-a-laide-sociale-sorganise-en-suisse.html

    En d’autres termes l’aide sociale, expression de notre indispensable solidarité en faveur de celles et ceux qui ne peuvent faire face à leurs besoins essentiels, ne serait plus seulement un droit, mais bien un devoir du bénéficiaire.


    Comprenons-nous bien! S’il s’agit de lutter contre la méconnaissance de leurs droits par les bénéficiaires potentiels, je suis le premier à souscrire à l’action. S’il s’agit d’anticiper une dégradation des conditions de vie, consécutive à un évaluation excessivement optimiste de la possibilité de faire face, seul, à l’adversité, je suis encore résolument partant.
    Mais cette attitude paternaliste, pour ne pas dire infantilisante, qui consiste à présumer que tout bénéficiaire règlementaire de l’aide sociale, qui s’abstient d’en faire la demande, serait forcément un naufragé qui s’ignore et qui doit être sauvé malgré lui, je n’en veux pas! 


    Il peut y avoir de très bonnes raisons, légales ou non d’ailleurs, de ne pas faire la demande. L’aide volontaire de proches, non tenus à un devoir d’entretien, la perspective prochaine de rebondir sur le marché du travail ou même, nous en connaissons, un travail non déclaré qui permet de passer un cap difficile.


    Au nom de la responsabilité individuelle, qui permet à chacun de faire des choix quant à sa vie et son avenir, après avoir été correctement informé de ses droits, je n’accepte pas cet assistanat forcé, qui donne bonne conscience à ceux-là mêmes qui pensent que lutter contre la fraude à l’aide sociale est un harcèlement intolérable. Dire à une personne dans la difficulté, qu’elle ne s’en sortira pas seule, et que le penser constitue pour elle une erreur de jugement, n’est pas acceptable.


    Lutter contre les abus est la justification même de l’aide sociale, comme la reconnaissance du choix de chacun de s’en sortir par lui-même est le pendant indissociable de la solidarité.
    En 2016, je mettais en place un dispositif de lutte contre la fraude. Avec un succès remarquable pour les caisses de l’État.

    En parler serait-il désormais politiquement incorrect?

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  • Une assurance maladie « à la carte »

    La chaleur de l’été permet à certains de préparer des solutions miracle (du moins le pensent-ils) à l’annonce de la hausse des primes maladie que l’on nous promet pour cet automne.  
    Andri Silberschmidt (conseiller national PLR/ZH) a sans doute pris un coup de chaud pour imaginer qu’avec une assurance de base “light” il tenait la solution du problème. Il est bien plus probable que l’idée lui ait été soufflée par l’un de ses collègues, proche de nos chers (très chers) assureurs maladie.


    En d’autres termes, si vos primes sont trop élevées, et que vous ne bénéficiez pas de subsides suffisants, restreignez-vous! Prenez une assurance de base minimum, et espérez que la santé vous soit propice! En fait ce n’est que l’expression de la liberté individuelle, puisque c’est volontairement que vous vous restreignez! Rien de plus équitable n’est-ce pas?


    C’est donc la première étape d’une stratégie bien prévisible: à l’évidence, les assurés, libres mais contraints de faire ce choix douloureux, vont coûter moins cher à l’assurance sociale. Les statistiques le démontreront de manière indiscutable. 


    Deuxième étape: puisque le système démontre son efficacité sur les coûts des soins, il faut le généraliser. L’assurance de base deviendra, comme son nom l’indique, une assurance qui ne garantit que la base des soins vitaux. La solidarité est sauve, nous voilà rassurés.


    Troisième étape: Ceux qui ont les moyens et qui ne veulent se contenter de cette assurance de base rikiki, se verront offrir une assurance complémentaire. Oui, ces assurances qui permettent de générer des bénéfices et, surtout, de distribuer des dividendes aux actionnaires.
    Le tour est ainsi joué!


    Avec ce tour de passe-passe exécuté avec des gobelets de bonneteau transparents, l’ingénieux parlementaire évite ainsi de se poser les bonnes questions qui font si mal à celles et ceux qui ont prêché tantôt l’inertie, tantôt le transferts des coûts de la LAMal vers les cantons, afin de maîtriser les primes à défaut de vouloir maîtriser les coûts:
    - Pourquoi la Confédération ne donne-elle pas davantage de pouvoir aux cantons pour contrôler les assureurs, alors qu’il est évident qu’elle ne veut pas faire ce contrôle elle-même?
    - Pourquoi laisse-t-on autant de pouvoir à nos assureurs-maladie pour régir notre santé, alors qu’ils n’ont aucune légitimité démocratique pour cela?
    - Pourquoi une loi fédérale sur la prévention des maladies et la promotion de la santé, rejetée par les Chambres fédérales il y a plus de 10 ans, n’a-t-elle plus été proposée?
    - Pourquoi ne veut-on pas agir plus efficacement sur l’offre lorsque celle-ci est excessive, en se focalisant uniquement sur cette offre lorsqu’elle est insuffisante?
    - Pourquoi après bientôt trois décennies, persiste-t-on à penser que la concurrence va réguler le marché de la santé?
    - Pourquoi n’intervient-on pas plus volontairement sur les tarifs des soins, laissant assureurs et fournisseurs de soins tenter de se mettre d’accord?
    - Pourquoi ne laissent-on pas la libre concurrence jouer sur les médicaments lorsque ceux-ci sont accessibles à des prix bien inférieurs dans les pays voisins?
    - Pourquoi ne veut-on pas réformer notre système de rémunération à l’acte qui rémunère davantage celui qui multiplie les actes inutiles et pénalise celui qui privilégie l’efficacité, et donc la qualité?
    Et la liste serait encore longue…


    Il est grand temps que les cantons rappellent leurs droits “supra”-constitutionnels: la Santé de la population est une prérogative cantonale, seule la compétence de mettre en oeuvre une assurance maladie uniforme a été octroyée à la Confédération (art.117 Cst.). Le droit de chacun à recevoir les soins que sa santé nécessite est opposable conjointement à la Confédération et au canton (art. 41 al.1 lit.b Cst.), et la Confédération n’assume que les tâches qui excèdent les possibilités des cantons ou qui nécessitent une réglementation uniforme de la Confédération (art. 43a al.1 Cst.).


    Ainsi, lorsqu’un canton entend appliquer la LAMal pour garantir l’accès aux soins à sa population, selon une mise en oeuvre qui lui est propre, et qui garantit sa pérennité, il n’a pas à en être empêché par la Confédération, puisque cette prérogative n’a pas été attribuée à cette dernière (art.3 Cst.). Il en va ainsi de la caisse de compensation cantonale, à ne pas confondre avec une caisse maladie cantonale, unique ou non. J’y reviendrai prochainement.


    Tout ceci pour rappeler à nos parlementaires de droite, comme de gauche, qu’il faut revenir à nos fondamentaux, à savoir que la Confédération doit faire preuve de parcimonie dans la tendance qui est la sienne à vouloir sans cesse tirer la couverture à elle. Que l’on pose les règles, et qu’on laisse les cantons agir! N’est-ce pas cela le jeu de la concurrence? Qui sait, Genève pourrait bien faire mieux que Zürich!


    Pour le reste, lorsque la Confédération doit agir, qu’elle commence par poser un diagnostic avant de céder aux sirènes des solutions faciles, voire mal intentionnées.

     

     

  • Si vous pensez que la compétence coûte cher, essayez l’incompétence !

     

    https://www.tdg.ch/une-prime-royale-pour-le-patron-des-hug-545512377924

    Monsieur le rédacteur en chef,


    Ayant repris davantage de liberté de parole depuis 48 heures, souffrez que je vous dise ce que votre éditorial m’inspire.
    Puisque vous semblez considérer que le directeur général des Hôpitaux universitaires de Genève doit être bien moins rémunéré que ses homologues helvétiques, voire même que des directeurs d’hôpitaux cantonaux dont on n’attend pas les mêmes prestations, je vous confirme que la compétence peut sembler coûter cher. Je vous suggère d’essayer l’incompétence, et vous pourrez ainsi faire la comparaison.


    Il me semble d’ailleurs que vous en êtes à une phase pilote, si j’en juge par votre manchette sur l’éminent sujet des bienfaits de la consommation du placenta par les parturientes lors de votre édition du week-end du 20-21 mai, reléguant ainsi au niveau du fait divers les 300000 personnes qui s’étaient déjà pressées au bord de notre rade pour assister au plus grand spectacle européen de drones, chiffre qui allait doubler le samedi soir. Plaisirs vulgaires sans doute aux yeux d’un éditorialiste inspiré qui distribue, les mains dans les poches, les bons et les mauvais points à ceux qui essayent de faire de Genève le canton attractif dont vous bénéficiez, tout en le dénigrant à la première occasion.

    Quant au déficit des HUG de ces dernières années, comparable à celui des autres hôpitaux universitaires suisses, il aurait été professionnel de rappeler, mais cela ne servait pas le brûlot dont vous vous imaginiez l’auteur, qu’il fut essentiellement le résultat de la crise COVID, qui a fait de notre hôpital l’acteur central de la prise en charge des patients, sans parler de la hausse massive des coûts de l’énergie.


    Je rêve que le quotidien qui porte le nom de notre beau canton, soit autre chose que le véhicule du dénigrement, de l’envie et du mépris. En d’autre mots, qu’il ne soit pas une entreprise provinciale qui s’extasie devant tout ce qui vient d’ailleurs et maltraite les qualités locales.
    J’ai dit, je rêve…