Indignons-nous! (29/01/2024)
Indignez-vous! Écrivait Stéphane Hessel en 2010, trois ans avant sa mort. Qu’en reste-t-il aujourd’hui?
La souffrance relayée par les médias, qui touche deux peuples en Israël et en Palestine, et dont la décence interdit toute comptabilité comparée, ne trouve pour réponse que le silence ou l’outrance. On est pour ou on est contre. Et si l’on est pour l’un, c’est parce l’on est contre l’autre.
Des décennies de censure sournoise, désormais culturellement, politiquement et juridiquement intégrée, nous incitent à nous taire. Impossible d’être pour un cessez-le-feu et l’aide humanitaire aux populations civiles palestiniennes, sans être taxé de complice des actes terroristes du Hamas du 7 octobre. Impossible de condamner ces mêmes actes et l’enlèvement d’otages, sans être considéré comme sioniste. Impossible d’émettre une critique à l’encontre de la politique d’apartheid du gouvernement israélien, sans être qualifié d’antisémite. Ne nous a-t-on pas martelé que la critique envers Israël et son action, était désormais la voix masquée de l’antisémitisme?
Impossible? Vraiment? Non! Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles, nous rappelait Max Frisch.
Aussitôt qu’un fanatique islamiste commet un acte abject, voilà que les communautés musulmanes sont interpellée. Il leur faut condamner, défiler, se distancier. La règle et l’exception sont inversées. Si l’on ne condamne pas, on est présumé approuver.
Fort heureusement nos médias n’en ont pas fait de même avec les communautés juives en Occident. De quel droit devrait-on présumer qu’elles approuvent, à défaut de le désavouer, le massacre de milliers d’enfants et d’innocents, même si elles considèrent à juste titre qu’Israël a droit à la sécurité, que les otages doivent être libérés, et que les auteurs des crimes du 7 octobre doivent être mis hors d’état de nuire?
Ce à quoi l’on assiste désormais sont des crimes de guerre. Il faut le dire. Condamnés par le droit international. Et ce ne sont pas des juristes véreux qui viendront nous convaincre du contraire. Ceux-là même qui ont échafaudé la théorie remarquable de la légitime défense préventive et qui nous enseigneront demain ce qu’est ce nouveau principe de proportionnalité, mesuré à l’aune de l’image que s’en fait l’agresseur.
Aucune personne juste et empreinte d’humanité ne peut rester sans s’indigner, quelle que soit son origine, sa race ou sa religion. Et cette indignation n’est pas à géométrie variable selon la région du globe touchée par l’injustice.
21:36 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Cher Monsieur,
Merci pour cet article! Il aide à la réflexion et met des mots sur un sentiment largement ressenti mais peu partagé.
Salutations,
Jean-Luc
Écrit par : Jean-Luc | 30/01/2024